Séance / Projection cinéma : Ciné mon Mardi “”Quatre nuits d’un rêveur”

Lieu Cinéma Les Variétés – Quai des Arts – 2 Avenue des Martyrs 05400 Veynes

Du au ,

Heure

Sortie dans une copie restaurée de ce film de Robert Bresson, qui parle de la jeunesse et du sentiment amoureux. Qui n'en a pas vécu les délices et les tourments ?
Un film aussi pour les jeunes gens.
Projection suivie d'échanges.
Réservation conseillée

Publié le

Pour commencer
Une nuit à Paris, Jacques, un jeune peintre, empêche Marthe de sauter dans la Seine du haut du Pont-Neuf. Les jeunes gens se confient l’un à l’autre et décident de se donner rendez-vous le lendemain soir. Durant quatre nuits, Jacques va s’éprendre de Marthe. Mais qu’en est-il de Marthe ?
Allons plus loin
Le film est inspiré d’une nouvelle de Dostoïevski (Les Nuits blanches, 1848), mais comme décapée par la rigueur et l’économie du style bressonien.
Rien ne semble plus inactuel, et sans doute décalé, que cette histoire chaste de tâtonnement, de faux espoirs et de fuite, transplantée en pleine période de libération sexuelle. […] Un conte cruel sur les échafaudages du fantasme et le retour brutal au réel, qui n’est pas sans viser une époque prompte à se draper dans ses utopies.
Mais comment filmer le fantasme quand on est un cinéaste janséniste ? Tout tient d’abord au décor que choisit Bresson : ce Pont-Neuf, lieu singulier de la ville, suspendu entre deux rives comme une parenthèse.
La splendide photographie entre chien et loup de Pierre Lhomme capte à la surface du fleuve la danse spectrale des lueurs de la ville, et dans les rues adjacentes les lumières des magasins, les feux de signalisation, points de la nuit constellée. Dans cette zone de flux obscurs passe parfois une silhouette, une péniche. Lors de la plus belle scène du film, une bossa sans provenance résonne autour du duo solitaire, avant même que ne surgisse un bateau-mouche où joue un orchestre brésilien (mené par Marku Ribas), auquel la caméra de Bresson accorde un décrochage rêveur.
Les sonorités ont ici une existence autonome : tel accord de guitare, le soudain vrombissement d’un moteur de voiture, des bruits de pas orphelins traversent la bande-son, puis retombent dans la nuit calfeutrée. « Un son ne doit pas venir au secours d’une image, ni une image au secours d’un son », écrivait le cinéaste dans ses Notes sur le cinématographe, mais aussi « Les bruits doivent devenir musique. »
Bresson trouve des solutions stupéfiantes de franchise pour traduire l’obsession de ses personnages. Ici, Jacques répète compulsivement le prénom « Marthe » sur son magnétophone, neutre confident […]. Marthe à l’abri de sa chambre s’examine nue devant sa glace de la tête aux pieds sur une musique langoureuse qui mesure la montée solitaire de sa libido.
Si Quatre nuits d’un rêveur apparaît aujourd’hui comme un chef-d’œuvre, c’est parce que chaque fragment de réalité y vibre d’un éclat hallucinatoire. Entre trois rues de Paris, Bresson filme des choses simples, des détails concrets, des gestes détachés, pour faire apparaître la cruelle vérité intérieure. Á la toute fin, c’est par la soudaine divergence de regards incapables de fixer un même horizon qu’il scelle définitivement l’échec amoureux. Du grand art, impitoyable.

Mathieu Macheret (Le Monde)

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